La fin de l’année 2024 a été marquée par une crise budgétaire sans précédent en France. Suite à la censure du gouvernement dirigé par Michel Barnier, le pays s’est retrouvé sans budget pour l’année 2025. Pour assurer la continuité des services publics, une loi spéciale a été adoptée en urgence par le Parlement et promulguée par le président Emmanuel Macron le 20 décembre 2024. Cette mesure temporaire permet à l’État de percevoir des impôts et d’emprunter afin de financer ses besoins essentiels.
Promulguée depuis Mamoudzou à Mayotte, où le chef de l’État se trouvait pour constater les dégâts causés par le cyclone Chido, cette loi garantit un fonctionnement minimal de l’État. Toutefois, elle reste limitée et ne remplace pas un véritable budget national. Le ministre démissionnaire du Budget, Laurent Saint-Martin, a rappelé l’urgence de redresser les comptes publics pour rétablir une stabilité économique.
Le nouveau Premier ministre, François Bayrou, nommé le 13 décembre, s’est engagé à présenter un budget définitif d’ici la mi-février 2025. Cependant, il a reconnu les défis politiques majeurs qui entravent ce processus, notamment les tensions au sein du Parlement. Le rapporteur général de la commission des Finances, Jean-François Husson, a également souligné que cette loi spéciale ne pouvait être qu’une solution transitoire.
Les collectivités locales sont particulièrement inquiètes. La pression exercée par l’État pour réaliser 5 milliards d’euros d’économies est perçue comme une menace pour leurs propres budgets. Elles ont intensifié leurs efforts de lobbying pour protéger leurs ressources financières et éviter des coupes drastiques.
Du côté des entreprises, l’absence d’un cadre budgétaire clair entraîne une incertitude économique. Bien que les hausses fiscales initialement prévues aient été suspendues, les entreprises restent prudentes face à une éventuelle instabilité fiscale. De plus, les marchés financiers suivent de près la situation, craignant une dégradation supplémentaire de la note de crédit du pays, comme l’a récemment signalé l’agence Moody’s.
La situation actuelle expose également les faiblesses structurelles de la gouvernance budgétaire française. Les experts estiment que le déficit public pourrait dépasser 6 % du PIB en 2025 si des mesures correctives ne sont pas rapidement adoptées. Cette perspective met en péril la relance économique et accentue les inégalités sociales.
Les réactions politiques et sociales à cette crise sont divisées. Certains saluent la réactivité du gouvernement pour éviter une paralysie totale, tandis que d’autres dénoncent une gestion improvisée et un manque de vision à long terme. Cette polarisation reflète l’état de fragmentation politique qui complique davantage les négociations budgétaires.
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Pour l’instant, la loi spéciale reste en vigueur et assure le financement de l’État jusqu’à l’adoption d’un budget complet. Cependant, le temps presse pour parvenir à un consensus politique et éviter une nouvelle crise qui pourrait fragiliser encore davantage l’économie française.
Cette crise met en lumière un défi crucial : restaurer la confiance des citoyens et des acteurs économiques tout en redéfinissant une stratégie budgétaire efficace et durable pour le pays.